Les défis du doublage et du son en France : plongée chez Adrénaline Studio

Le doublage, la voix off et l’ingénierie sonore sont essentiels à l’industrie audiovisuelle française, permettant aux films, séries ou jeux vidéo d’atteindre un large public francophone. Mais derrière les voix familières, les studios comme Adrénaline Studio, à Lyon, font face à une pression économique croissante : budgets réduits, contraintes des plateformes de streaming, et montée de l’intelligence artificielle.

Une qualité qui a un coût

Adapter un programme en français, c’est bien plus que poser une voix sur une image. Entre le casting, l’adaptation des textes, la synchronisation labiale et le mixage, chaque étape est coûteuse. Élodie Nguyen : L’art de façonner le son

« On passe notre temps à régler des problèmes techniques », confie Élodie Nguyen, ingénieure du son chez Adrénaline. « Le matériel est cher, tout doit être mis à jour en permanence. »

Le studio, connu pour ses versions françaises de de l’animé Kingdom ou d’autres séries comme Parasite et Ariol, continue de viser l’excellence malgré les restrictions budgétaires, souvent pointées du doigt sur les réseaux sociaux comme cause d’une baisse de qualité.

Pression des plateformes

Avec Netflix, Disney, ou Amazon, la demande de doublages en français explose. Adrénaline a travaillé sur Kingdom ou Gigantosaurus, mais ces projets imposent des délais courts et des moyens limités. Produire vite et bien devient un casse-tête. La création sonore, notamment pour des univers imaginaires, reste une spécialité du studio, mais nécessite du temps et des outils complexes :

« Les sons de vaisseaux spatiaux, ça n’existe pas, on les invente. »

L’IA, entre menace et outil

La synthèse vocale progresse et inquiète : voix artificielles crédibles, synchronisation automatique… certains y voient la fin du doublage humain. Élodie reste lucide mais confiante :

« L’IA nous bouscule, mais elle n’a pas encore l’émotion humaine. Il faut apprendre à en faire un allié. »

Pourtant, sur les réseaux, beaucoup annoncent une substitution massive :

« 100 % des doubleurs vont être remplacés. »

Le danger est réel pour les revenus des artistes et ingénieurs du son. En France, les professionnels du doublage bénéficient de droits et doivent être crédités au générique. Cela garantit une reconnaissance, mais augmente aussi les coûts pour les studios. L’audiodescription, autre service exigeant, souffre elle aussi de baisses de tarifs. Pour Adrénaline, maintenir la qualité dans ce contexte devient un défi quotidien.

S’adapter ou disparaître

Face à ces contraintes, certains studios résistent en se diversifiant : bruitages, mixage 5.1, jeux vidéo, signatures sonores… Adrénaline Studio mise sur cette polyvalence et sur la formation, en collaborant avec des écoles spécialisées. Pour Élodie, une chose est sûre :

« Même si le doublage s’effondrait, je continuerais dans le son. »

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