Élodie Nguyen : L’art de façonner le son

À 21 ans, Élodie Nguyen, jeune lyonnaise passionnée par le son, s’est déjà taillé une place dans le monde exigeant de l’ingénierie sonore. Ingénieure du son, ou technicienne son comme elle se décrit elle-même, Élodie a transformé son amour pour la musique en une carrière où créativité et technicité se rencontrent. Dans ce portrait, elle nous raconte son parcours, ses motivations et sa vision d’un métier en pleine évolution.

Une passion pour la jeune femme depuis l’enfance

Élodie a grandi entourée de musique.

« En fait, depuis toute petite, je fais de la musique et j’ai fait une dizaine d’années de musique classique, donc violon, piano et… », confie-t-elle.

Cette immersion précoce dans l’univers musical a forgé son lien indéfectible avec le son. Pourtant, au lycée, elle réalise qu’une carrière de musicienne professionnelle n’est pas son ambition.

« Je savais que je ne voulais pas devenir musicienne professionnelle pour certaines raisons, mais je savais aussi que je voulais faire un métier ou travailler dans un domaine en lien avec le son. En fait, j’imaginais pas trop mon avenir sans son. »

C’est par un heureux hasard, grâce à une conversation avec sa cousine, qu’Élodie découvre le métier d’ingénieure du son.

« C’est par hasard en fait qu’on m’a parlé de ce métier-là. C’est ma cousine qui m’en a parlé, mais elle ne connaissait pas ce métier. »

Intriguée, elle se lance dans des recherches, visite des écoles et décide de tenter l’aventure.

« Je me suis lancée dans ces études pour tester. Finalement, ça m’a plu. Donc je suis là aujourd’hui. »

Un parcours formateur et polyvalent

Élodie intègre l’Institut international de l’image et du son à Troyes, une école privée spécialisée dans le cinéma, mais dotée d’une filière son. Son cursus, qu’elle décrit comme « très global », mêle théorie et pratique.

« Beaucoup de cours théoriques durant la première année, parce que le son, c’est un phénomène physique, etc. Faut comprendre certains calculs, etc. Mais aussi en termes de pratique, j’ai appris à travailler dans un studio de post-production comme j’ai appris à travailler en plateau télé ou à la radio. »

En trois ans, dont une dernière année en alternance, Élodie se spécialise en design audiovisuel. Elle touche à tout : tournages, post-production pour le cinéma et la télévision, et même le live. Cette polyvalence lui permet de décrocher un emploi dès décembre 2024, à peine deux semaines après la fin de ses études.

« Je sais pas si c’est par chance ou pas, mais deux semaines après, j’avais trouvé un boulot. Et depuis, je suis ici. »

Une journée dans la peau d’une ingénieure de Son

Le quotidien d’Élodie est rythmé par la diversité des tâches.

« Je fais des trucs variés, mais si je veux faire une journée type, eh bien, j’arrive le matin. »

Lorsqu’un enregistrement est prévu, elle arrive tôt pour préparer le studio, installer les micros et accueillir comédiens et clients.

« Ensuite, il faut accueillir le comédien et les potentiels clients, parce qu’il est possible qu’il y ait des clients qui viennent en présentiel pour assister à la session d’enregistrement. »

Elle veille à maintenir une bonne ambiance tout en « drivant » la séance, un rôle qui demande à la fois rigueur et aisance relationnelle.

Après l’enregistrement, place à la post-production, où la jeune femme travaille seule dans son studio.

« Donc là, je suis toute seule dans mon studio, il n’y a plus le client, il n’y a plus le comédien, ils sont repartis. Il n’y a plus que moi et les machines. »

Elle utilise principalement ProTools, un logiciel d’édition et de mixage sonore qu’elle considère comme une référence dans l’industrie.

Créer des sons uniques

Ce qui passionne Élodie, c’est le travail sur la matière sonore, en particulier la création de sons irréels. Elle module, transforme et façonne ces sons pour obtenir des résultats uniques. Mais ce qu’elle préfère c’est de créer des sons qui n’existe pas.

« Le sound design, c’est quelque chose que j’aime bien. Pour être précis, c’est la création sonore de tous les sons qui ne sont pas réalistes. […] Le truc classique des vaisseaux spatiaux, ça n’existe pas en vrai, tu vois. Il faut vraiment créer le truc un peu à partir du réel, à partir des sons existants. » GLOSSAIRE

Si son studio est spécialisé dans le doublage et la voix, Élodie apprécie également le côté humain de son métier.

« En arrivant ici, je me rends compte qu’il y a un certain côté humain qui me plaît plus que ce que je n’aurais imaginé. Je rencontre pas mal de comédiens, […] et c’est cool. »

Les défis du métier

Le métier d’ingénieur du son n’est pas sans obstacles, notamment sur le plan technique.

« On passe la plupart du temps à régler des problèmes techniques parce qu’on travaille sur des ordis, on est branché avec plein de câbles différents, avec du matériel hardware, etc. Donc, il y a souvent des bugs sur ProTools. »

Élodie, encore jeune dans le métier, avoue découvrir et apprendre au quotidien.

« Vu que j’ai fini mes études il n’y a pas si longtemps que ça, je ne connais pas tout. Je découvre encore, donc il y a des fois où je patauge un peu un certain temps, mais on finit par s’en sortir. »

L’Impact de l’Intelligence Artificielle

Comme dans de nombreux secteurs, l’intelligence artificielle (IA) bouscule le domaine du son, particulièrement dans le doublage.

« L’intelligence artificielle, ça impacte notre domaine, notamment au niveau de la voix. Il y a les IA sur la voix qui sont en train de se développer à une vitesse phénoménale. »

Élodie, loin de voir cela comme une menace, y perçoit une opportunité.

« Il faut apprendre à les gérer, ces IA. Et en fait, je pense qu’il faut apprendre à en faire une force, c’est tout. »

Elle compare cette transition à celle de l’analogique au numérique : ceux qui s’adaptent prospèrent, les autres risquent de stagner. Cependant, elle reste confiante dans la pérennité de son métier.

« Est-ce que vraiment ça va s’effondrer totalement ? Honnêtement, je pense pas trop. »

Pour elle, l’aspect humain et éthique du travail sonore reste irremplaçable.

« Il y a, pour l’instant, dans les voix avec des IA, un truc qui fait que ce n’est pas humain, et certains clients, ne le veulent pas. »

Une carrière en évolution

Élodie se projette avec pragmatisme. Si elle apprécie son poste actuel, elle n’est pas certaine d’y passer toute sa carrière.

« C’est les débuts, donc je sais pas si, pour être honnête, je sais pas si je finirai ma carrière ici, par exemple. »

Son amour pour le sound design, plus que pour le doublage, pourrait la pousser à explorer d’autres facettes de l’ingénierie sonore. En attendant, Élodie savoure l’apprentissage et les rencontres que son métier lui offre. Avec sa passion, sa curiosité et son ouverture d’esprit, nul doute qu’elle continuera à façonner des univers sonores uniques, qu’ils soient pour le cinéma, la télévision ou au-delà.

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